L’amour immobile – Chapitre 2 – (4)


Illustration : Nathalie Picoulet

L’amour immobile – Chapitre 2 – (4)

Le lendemain bien entendu, ils se téléphonèrent et Mimi lui dit ceci :

– Lorsque tu es rentrée tu es devenue livide.
– Ah oui ? à ce point ?
– Je t’ai fait peur ?
– J’ai tout simplement dû m’habituer à ce que je découvrais. Tu m’avais caché par coquetterie certaines choses te concernant.
– J’avais si peur de te perdre si je t’avouais tout. Que tu ne viendrais pas.
– Mais non lui dit elle en souriant, cela ne pouvait pas se faire, avec tant d’assurance dans la voix.

Maddy se posa la question si elle se serait déplacée. Mais en fait elle se dit que non. Elle était amoureuse.

– Non Mimi, je comprends tes peurs, c’est tellement normal.

Elle se souvenait maintenant de lui, de son regard, de ses sourires éclatant qui illuminaient son visage. Elle savait qu’il était resté dans son coeur qu’un grand adolescent ne connaissant rien de l’existence. A son contact, elle-même devenaient aussi une jeune fille.

Maddy ressentait ce sentiment de renaissance de jeunesse, lorsqu’elle était amoureuse. Elle en connaissait tous les chemins de l’amour. Pour elle une catastrophe. Et pourtant elle y plongeait parce que ce n’était que comme cela qu’elle pouvait vivre. L’amour ou du moins l’idée qu’elle en avait était pour elle le vecteur de son existence, le moyen d’avancer, elle qui n’en avait pas reçu de ses parents. Un grand vent de fraîcheur l’envahissait aussi. Elle fit la comparaison avec d’autres rencontres passionnées toutes différentes. La passion elle aimait cela.

Et pourtant il faisait ses griffes d’adolescent sur elle. Il la tournait en bourrique déjà avant cette première rencontre. Rachel lui disait la vérité, le connaissant mieux et étant une amie extérieure à cette autre symbiose en formation.

Maddy pourtant connaissait tous les rouages du danger de ce genre d’échanges et plongeait à deux pieds dans l’engrenage dans lequel ils allaient tomber ensemble.

Deux ultra sensibles, elle aurait dû se méfier. Deux écorchés vifs par la vie, elle aurait dû partir. Mais là impossible de faire une telle chose pour elle. La vie bercée par les élans de son coeur lui avait montré combien elle s’était trompée, mais elle ne regrettait rien, assumant ses mauvais choix. Et là elle recommençait à espérer quelque chose d’autre et s’y engageait à fond.

D’ailleurs elle ne pouvait pas faire autrement. Non pas que c’était fatal, c’était pour elle tout simplement vivre. Un mot merveilleux qu’elle aimait décliner de bien des façons en profitant de l’existence. Après tout elle était célibataire, ne devait rien à personne que de suivre son chemin, celui qu’elle voudrait bien emprunter. Et ce nouvel amour en effet, l’entraînait vers d’étranges chemins.

Les jours s’écoulaient ainsi au rythme de cet amour qui se mettait en place à distance. Elle ne pouvait pas aller lui rendre visite comme elle le souhaitait. Alors elle lui avait suggéré question budget pour elle, d’aller lui rendre visite une fois par mois. Elle lui cachait ses difficultés financières. Il savait qu’elle était au chômage, et elle lui avait dit que prendre le train était cher sans rien dire d’autre. Elle ne lui dit jamais qu’elle épargnait pour ce voyage. Il ne su jamais qu’elle se privait pour aller le voir. Elle était trop fière pour cela.

Elle avait son indépendance même dans les difficultés et souhaitait tout assumer pour elle-même et ne rien devoir à personne, surtout financièrement. Cela avait toujours été sa ligne de conduite principale et elle s’en sortait. Même si pour le moment c’était quelque peu la galère, elle bouclait ses dossiers administratifs les plus importants. Elle se déplaçait tous les jours au Centre d’Aide Sociale pour cela. Elle avait dû ravaler sa fierté pour aller demander de l’aide pour certains papiers, mais elle avait pu le faire et avait ainsi rencontré d’autres personnes dans les mêmes difficultés qu’elle, et bien pire encore. Alors elle se disait qu’elle avait encore de la chance.

Un jour elle demanda à Mimi, ce qu’avait dit son père de cette première visite. Il lui répondit qu’il n’avait pas fait de commentaires. Elle était restée dubitative, et puis comme d’habitude ne pas s’attarder et continuer. Ils se heurtaient souvent par écran interposé ou par téléphone. C’était orageux et elle finissait en sanglotant. Tant de malentendus, de disputes d’amoureux pour des peccadilles, et elle se laissait emporter malgré elle, alors qu’elle avait déjà vécu ce genre de relation explosive précédemment et s’était encourue pour préserver sa santé.
Mais ici elle oscillait entre bonheur, félicité et puis pour elle quelques accrochages qui finiraient bien par s’arranger pensait-elle.

Les visites

C’est ainsi que débuta pour eux deux un début d’échanges oscillant entre amour sublimé, chamailleries et les suites de cette première visite. Elle voulait le meilleur pour lui, et avançait un peu à l’aveuglette dans la vie de tous les jours rythmée par ce budget si serré, la peur de ne pas pouvoir y arriver. Cette rencontre transformait la vie de Maddy, l’embellissait. Elle ne pouvait se confier qu’à Rachel qui les comprenait tous les deux.

Après cette première visite lors de conversations téléphoniques, elle apprit une chose étrange qui devait lui rester dans le coeur pour toujours. Ce qui suit n’en est que l’ébauche, la suite s’avèrera douloureuse. Le père de Mimi aurait fait une allusion assez évasive de ce qu’elle était au chômage et qu’il se méfiait. Maddy se souvenait qu’elle avait été invitée au repas de midi de manière non protocolaire. Elle n’était d’ailleurs pas venue pour cela mais pour découvrir l’homme que Mimi était. Depuis cette visite elle était heureuse, Mimi aussi. Toutefois Papa émettait des réticences déjà. Tout cela nageait dans un vague on ne peut plus flou. Il aurait fait allusion au repas offert, alors que Maddy n’était pas arrivée les mains vides.

Déjà il était question de se revoir le plus vite possible. Maddy devait annoncer à Mimi qu’hélas elle ne pourrait pas lui rendre visite comme elle le souhaitait. Il fallait qu’elle épargne. Ce fut dit sans aucune arrière-pensée. Et c’est ainsi que cela se déroula. Cependant Mimi souhaitait l’aider, mais il ne se rendait pas compte, même en habitant avec papa, que pour lui rien n’était simple. Il rêvait et entraînait dans son univers Maddy qui y plongeait, buvant ses paroles, mais en restant prudente.

Elle se rendait très bien compte de ce qui se passait, mais pas au point qu’elle aurait pu imaginer du moins ce qui lui serait reporté par la suite de la bouche de Mimi même.

Ce dernier lui parlait parfois de sexualité. Elle l’écoutait ne sachant comme en parler avec lui, du moins en ce qui le concerne. Elle avait appris que de ce côté là il n’était pas rester invalide, c’était tout. Elle se disait coquinement que c’était tant mieux pour lui si il pouvait ressentir quelque chose dans le bas de son ventre et avoir au moins ce plaisir là dans l’existence en plus des petits autres plaisirs aussi infimes soient-ils.
Il lui racontait que des infirmières ou assistantes familiales, aidantes aux handicapés venaient parler de sexualité à ces personnes alitées ayant des désirs comme n’importe quel autre être humain. Il dit aussi à Maddy que grâce à son bras valide il pouvait donner du plaisir et qu’il l’avait fait avec son ex-amie.

Maddy pouvait parler de sexualité librement. Là elle se sentait quelque peu à l’étroit dans les mots à utiliser et essayait de rester la plus naturelle du monde. Jamais ne lui venait l’idée qu’il était invalide, allongé. Elle le considérait étrangement comme un être totalement normal, et échangeait avec lui comme s’il n’était pas allongé et immobilisé par ce terrible tuyau dans la gorge.

Il savait s’y prendre le bougre pour susciter les questions qu’il se posait quant à sa sexualité lui demandant si elle accepterait de recevoir de ses caresses. Ah ! cette conversation n’eut pas lieu du jour au lendemain, ce fut au gré des jours et des échanges par internet. Par micro, impossible papa était là, ils manquaient tous les deux de la plus stricte intimité élémentaire pour en parler. Et ce sujet, ils préféraient tous les deux l’aborder de vive voix, c’était trop important.

Chapitre 2-5

2 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. Ghislaine
    Mai 04, 2013 @ 15:15:40

    comme on peut tant de choses quand on aime avec son coeur sans s’occuper de l’apparence et voir bien au delà…………….

    Réponse

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