Illustration : Konstantin Razumov
La lettre cachée.
Annie regardait son écran resté silencieux. Elle se trouvait à son bureau, plongée dans la paperasse jusqu’au cou, et attendait des nouvelles de François, son chef administratif.
Ils étaient devenus amants, peu de temps après son engagement.
Un homme grand, la trentaine. Il avait de l’allure cet homme là, et elle se souvenait de son entretien d’embauche comme si c’était hier.
Leurs yeux s’étaient croisés, et le cœur d’Annie avait fait boum dans sa poitrine. Elle n’avait pourtant rien montré, passé les tests sans sourciller et les avait réussis.
Pour cet entretien, Annie 30 ans, avait plus que d’habitude soigné sa mise. Elle était mince, les cheveux mi-longs et ondulés, quelques mèches blondes, éparpillées, donnait de la douceur au visage sans lunettes. Elle ne les portait qu’au travail, l’ordinateur lui fatiguait les yeux.
Elle avait senti le regard de cet homme, dès le premier jour sur sa taille, et ses longues jambes fuselées.
Il avait fallu d’un week-end et de quelques heures supplémentaires, pour que François lui témoigne les sentiments qu’il éprouve pour elle. Jamais elle ne s’était sentie aussi heureuse.
Elle en était très amoureuse.
Quelques mois s’étaient écoulés et là, elle tapotait nerveusement sur son clavier dans l’attente de nouvelle de son amant, parti en déplacement. Il devrait rentrer dans la soirée. Mais comme elle ne quittait jamais le bureau avant 18 heures, elle avait pris le risque de le voir encore ce soir avant de rentrer chez elle.
En quelques heures elle boucla les derniers dossiers qui se trouvaient encore sur son bureau.
Elle se mit ensuite à trier dans un de ses tiroirs, des papiers qui allaient suivre le chemin de la poubelle vite fait, bien fait.
Et là, elle retrouva, enfouis, sous un dossier, quelques échanges entre eux, datant d’il y a quelques mois. C’était au début de leur rencontre.
Elle retrouva une lettre, qu’elle n’avait jamais osé lui envoyer. A l’époque pour se défouler, elle avait écrit les mots à la suite l’un de l’autre pour exorciser ce qu’il y avait dans son cœur, mais n’avait jeté ce morceau de papier.
C’était bien sa manie de tout conserver. Un jour quelqu’un d’autre trouverait ces écrits gardés au « secret » et découvrirait au sein du bureau qu’ils étaient ensemble.
Elle déplia soigneusement le brouillon plié en quatre.
Elle se mit à lire et se souvint effectivement de ce qui c’était passé.
Il lui avait écrit une lettre intense d’émotion, d’érotisme et de sensualité et elle lisait la réponse qu’elle lui avait faite et restée là, dans ce tiroir, bien cachée.
« Je lis tes mots intenses, de jouissance. Oh comme j’aurais voulu te voir aller et venir, là ou les mains sur ta hampe, serrée, le gland violet arrondi, doux et lisse, devant mes yeux, change de couleur.
Comme j’aurais voulu du bout de la langue venir le lécher, plonger dans tes yeux, voir vaciller ce désir, le regard voilé, et brillant d’envie. Quel plaisir que de pouvoir ressentir ce pouvoir là ! Quel plaisir de pouvoir le mesurer à cet instant, juste avant d’avancer ma bouche vers cette tige ainsi offerte, en écarter les mains, pour le prendre dans ma bouche.
Quel plaisir d’en sentir ce gland circoncis, juste comme j’adore, sa douceur veloutée, mais aussi la dureté sous ma langue, qui comme une liane entoure le tronc, monte et descend le long de la peau, revient sur cette fente si délicieuse où du bout de ma langue je viens le titiller pour t’arracher quelques murmures de plaisirs…
Quel plaisir de pouvoir sentir en moi ce membre, intensément dur, s’enfoncer dans ma gorge.
Je continue mon exploration, je continue ma fellation. Je suis gourmande, je salive, j’en veux davantage, et mes mains s’approchent de tes bourses. Elles se glissent entre elles, les compriment légèrement, les relâchent, les caressent, pour glisser avec mes doigts subrepticement un peu plus loin, plus bas, là où se cache cet œillet que tu peux m’offrir et qui te ferait tant plaisir de donner, pour en jouir sous mes doigts, alors que ma bouche te prend en un va-et-vient constant et régulier.
Je sens cette vigueur, cette sève, qui monte, qui descend le long de cette tige toute tendue, je sens quelques gouttes perler qui s’égarent dans ma bouche et que je bois avidement. Elles rejoignent ma salive qui dégouline hors de mes lèvres. Mais qu’est ce que c’est bon ! Mais qu’est ce que j’en redemande encore ! J’adore, j’adore cela !
Les yeux fermés je puis imaginer la scène. Ton sexe déposé sur ma langue qui va et qui vient, mes mains qui s’aventurent partout sur ton corps, et qui partent en exploration, pour te pincer en même temps un téton, puis l’autre. Ton corps se tend vers ma gorge, plus loin, plus fort.
Tu prends ma tête entre tes mains et tu en imprimes la cadence.
Je résiste, j’aime diriger, et non le contraire, mais je te laisse quelque peu l’initiative.
J’aime être maîtresse à ce moment là unique, et chevaucher de ma bouche ce qui pour moi est un bonheur immense.
Sentir cette virilité, la sentir vibrer de désir pour moi, est d’une telle faveur.
Vient dans ma gorge, obéi, à mon désir, laisse moi prendre ce dont j’ai envie, laisse moi te soutirer mon dû, laisse toi aller, mon bien aimé, mon amour.
Vient, regarde-moi encore, je suis nue devant toi. Mes seins je te les présente et tout à l’heure, lorsque tu sentiras la jouissance monter, tu aspergeras sur eux, ta laitance en abondance.
Je t’ai un instant délaissé pour écarter devant toi mon sexe tout humide et coulant, et j’y ai introduit deux doigts, je me masturbe devant toi. Je crie ton nom, j’ai envie de toi en moi.
Mais ce soir, c’est de ton sperme que je veux goûter, que je veux avaler pour toi, pour moi.
Alors je reviens vers ce phare qui m’attire, et attise tous mes fantasmes comme en ce moment.
Je te reprends et je sens combien ton désir est fort, intense, combien le feu qui bout jaillira dans ma bouche et sur mes seins. Je me retirerai et ensuite tu continueras….
Je veux tellement voir jaillir de ce sexe, cette grande force. Cette vie.
Un long jet …. j’imagine….un instant….sur mes seins, ce liquide tout chaud qui s’écoule, partout sur ma peau.
Et pendant que je te pompe, et que je te sens prêt de l’explosion, ma main en même temps s’active de bas en haut, je caresse le sillon entre tes fesses, et cela décuple ton désir. Tu te déhanches, tu ne peux rester insensible, je ne le croirais pas sinon.
Et voilà que je sens monter en moi, ce liquide. J’ offre à ta vue mes seins dressés vers toi, pour toi.
Tu les asperges. Ta laitance s’écoule le long de mon corps, après je jouirai encore…mais là quel bonheur de sensation.
J’en redemande, j’en prends sur mes doigts que je porte à ma bouche, que je partage avec toi, vite lorsque c’est encore chaud. Avant que ne se transforme la texture. «
Annie toujours plongée dans ses dossiers, n’avait pas vu l’heure tourner.
Lorsque la porte s’ouvrit de façon impétueuse. François passa devant son bureau tel un coup de vent.
– En vitesse, je suis pressé. Les dossiers sont prêts ?
– Oui, oui, tu crois que j’ai chômé en ton absence ? Et toi, tout s’est passé comme tu le voulais ?
– Oui, je suis crevé, j’ai hâte de rentrer
– Les contrats sont signés ?
– Oui, nous avons eu de la chance, c’est dans la poche.
– Le patron va être content dit-elle en souriant, pendant qu’elle refermait les dossiers. J’allais m’en aller. Tu as encore besoin de moi ?
– Non, non Annie, répondit-il l’air ailleurs. Vient un peu plus tard demain matin, tu es restée tard ce soir.
Annie se dit que son chef, devait vraiment être bien content. Elle le regardait mettre les dossiers dans sa mallette. Clac fit le bruit lors de la fermeture. Il prit son manteau accroché sur une des séparations des cloisons d’un mètre cinquante. Elle le vit s’approcher d’elle, en quelques enjambées, le sourire aux lèvres.
Elle s’installa dans le fond de son siège, déposa ses bras sur les accoudoirs, et plongea son regard dans le sien.
Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’elle gardait de la tendresse pour lui, que jamais il ne le saurait, jamais. Elle préférait continuer de travailler à ses côtés, voir ses frasques quotidiennes au bureau avec les autres nanas qui défilaient, et elle en souriait, plutôt que d’être loin de lui. Cela avait été son choix personnel, et elle ne le regrettait pas, oh ! que non.
Au fil des ans, Ils étaient restés d’excellents amis.
La vie professionnelle les sépara.
Vingt ans plus tard, dans un bistrot, ils se sont revus. Annie éclata de rire en le revoyant. Ils parlèrent du passé, de leur relation passée. C’étaient de bons souvenirs…..
© pétale Janvier/février 2009