La lettre cachée


Illustration : Konstantin Razumov

La lettre cachée.

Annie regardait son écran resté silencieux. Elle se trouvait à son bureau, plongée dans la paperasse jusqu’au cou, et attendait des nouvelles de François, son chef administratif.
Ils étaient devenus amants, peu de temps après son engagement.
Un homme grand, la trentaine. Il avait de l’allure cet homme là, et elle se souvenait de son entretien d’embauche comme si c’était hier.
Leurs yeux s’étaient croisés, et le cœur d’Annie avait fait boum dans sa poitrine. Elle n’avait pourtant rien montré, passé les tests sans sourciller et les avait réussis.

Pour cet entretien, Annie 30 ans, avait plus que d’habitude soigné sa mise. Elle était mince, les cheveux mi-longs et ondulés, quelques mèches blondes, éparpillées, donnait de la douceur au visage sans lunettes. Elle ne les portait qu’au travail, l’ordinateur lui fatiguait les yeux.
Elle avait senti le regard de cet homme, dès le premier jour sur sa taille, et ses longues jambes fuselées.
Il avait fallu d’un week-end et de quelques heures supplémentaires, pour que François lui témoigne les sentiments qu’il éprouve pour elle. Jamais elle ne s’était sentie aussi heureuse.
Elle en était très amoureuse.

Quelques mois s’étaient écoulés et là, elle tapotait nerveusement sur son clavier dans l’attente de nouvelle de son amant, parti en déplacement. Il devrait rentrer dans la soirée. Mais comme elle ne quittait jamais le bureau avant 18 heures, elle avait pris le risque de le voir encore ce soir avant de rentrer chez elle.

En quelques heures elle boucla les derniers dossiers qui se trouvaient encore sur son bureau.
Elle se mit ensuite à trier dans un de ses tiroirs, des papiers qui allaient suivre le chemin de la poubelle vite fait, bien fait.

Et là, elle retrouva, enfouis, sous un dossier, quelques échanges entre eux, datant d’il y a quelques mois. C’était au début de leur rencontre.
Elle retrouva une lettre, qu’elle n’avait jamais osé lui envoyer. A l’époque pour se défouler, elle avait écrit les mots à la suite l’un de l’autre pour exorciser ce qu’il y avait dans son cœur, mais n’avait  jeté ce morceau de papier.
C’était bien sa manie de tout conserver. Un jour quelqu’un d’autre trouverait ces écrits gardés au « secret » et découvrirait au sein du bureau qu’ils étaient ensemble.

Elle déplia soigneusement le brouillon plié en quatre.
Elle se mit à lire et se souvint effectivement de ce qui c’était passé.

Il lui avait écrit une lettre intense d’émotion, d’érotisme et de sensualité et elle lisait la réponse qu’elle lui avait faite et restée là, dans ce tiroir, bien cachée.

« Je lis tes mots intenses, de jouissance. Oh comme j’aurais voulu te voir aller et venir, là ou les mains sur ta hampe, serrée, le gland violet arrondi, doux et lisse, devant mes yeux, change de couleur.
Comme j’aurais voulu du bout de la langue venir le lécher, plonger dans tes yeux, voir vaciller ce désir, le regard voilé, et brillant d’envie. Quel plaisir que de pouvoir ressentir ce pouvoir là !  Quel plaisir de pouvoir le mesurer à cet instant, juste avant d’avancer ma bouche vers cette tige ainsi offerte, en écarter les mains, pour le prendre dans ma bouche.
Quel plaisir d’en sentir ce gland circoncis, juste comme j’adore, sa douceur veloutée, mais aussi la dureté sous ma langue, qui comme une liane entoure le tronc, monte et descend le long de la peau, revient sur cette fente si délicieuse où du bout de ma langue je viens le titiller pour t’arracher quelques murmures de plaisirs…

Quel plaisir de pouvoir sentir en moi ce membre, intensément dur, s’enfoncer dans ma gorge.
Je continue mon exploration, je continue ma fellation. Je suis gourmande, je salive, j’en veux davantage, et mes mains s’approchent de tes bourses. Elles se glissent entre elles, les compriment légèrement, les relâchent,  les caressent, pour glisser avec mes doigts subrepticement un peu plus loin, plus bas, là où se cache cet œillet que tu peux m’offrir et qui te ferait tant plaisir de donner, pour en jouir sous mes doigts, alors que ma bouche te prend en un va-et-vient constant et régulier.

Je sens cette vigueur, cette sève, qui monte, qui descend le long de cette tige toute tendue,  je sens quelques gouttes perler qui s’égarent dans ma bouche et que je bois avidement. Elles rejoignent ma salive qui dégouline hors de mes lèvres. Mais qu’est ce que c’est bon ! Mais qu’est ce que j’en redemande encore !  J’adore,  j’adore cela !
Les yeux fermés je puis imaginer la scène. Ton sexe déposé sur ma langue qui va et qui vient, mes mains qui s’aventurent partout sur ton corps, et qui partent en exploration, pour te pincer en même temps un téton, puis l’autre. Ton corps se tend vers ma gorge, plus loin, plus fort.
Tu prends ma tête entre tes mains et tu en imprimes la cadence.

Je résiste, j’aime diriger, et non le contraire, mais je te laisse quelque peu l’initiative.
J’aime être maîtresse à ce moment là unique, et chevaucher de ma bouche ce qui pour moi est un bonheur immense.
Sentir cette virilité, la sentir vibrer de désir pour moi, est d’une telle faveur.

Vient dans ma gorge, obéi, à mon désir, laisse moi prendre ce dont j’ai envie, laisse moi te soutirer mon dû, laisse toi aller, mon bien aimé, mon amour.

Vient, regarde-moi encore, je suis nue devant toi. Mes seins je te les présente et tout à l’heure, lorsque tu sentiras la jouissance monter, tu aspergeras sur eux, ta laitance en abondance.

Je t’ai un instant délaissé pour écarter devant toi mon sexe tout humide et coulant, et j’y ai introduit deux doigts,  je me masturbe devant toi. Je crie ton nom, j’ai envie de toi en moi.

Mais ce soir, c’est de ton sperme que je veux goûter, que je veux avaler pour toi, pour moi.

Alors je reviens vers ce phare qui m’attire, et attise tous mes fantasmes comme en ce moment.
Je te reprends et je sens combien ton désir est fort, intense, combien le feu qui bout  jaillira dans ma bouche et sur mes seins. Je me retirerai et ensuite tu continueras….

Je veux tellement voir jaillir de ce sexe,  cette grande force. Cette vie.
Un long  jet …. j’imagine….un instant….sur mes seins, ce liquide tout chaud qui s’écoule, partout sur ma peau.

Et pendant que je te pompe, et que je te sens prêt de l’explosion, ma main en même temps s’active de bas en haut, je caresse le sillon entre tes fesses, et cela décuple ton désir. Tu te déhanches, tu ne peux rester insensible, je ne le croirais pas sinon.
Et voilà que je sens monter en moi, ce liquide. J’ offre à ta vue mes seins dressés vers toi,  pour toi.
Tu les asperges. Ta laitance s’écoule le long de mon corps, après je jouirai encore…mais là quel bonheur de sensation.

J’en redemande, j’en prends sur mes doigts que je porte à ma bouche, que je partage avec toi, vite lorsque c’est encore chaud. Avant que ne se transforme la texture. « 

Annie toujours plongée dans ses dossiers, n’avait pas vu l’heure tourner.
Lorsque la porte s’ouvrit de façon impétueuse. François passa devant son bureau tel un coup de vent.

– En vitesse, je suis pressé. Les dossiers sont prêts ?
– Oui, oui, tu crois que j’ai chômé en ton absence ? Et toi, tout s’est passé comme tu le voulais ?
– Oui, je suis crevé, j’ai hâte de rentrer
– Les contrats sont signés ?
– Oui, nous avons eu de la chance, c’est dans la poche.
– Le patron va être content dit-elle en souriant, pendant qu’elle refermait les dossiers. J’allais m’en aller. Tu as encore besoin de moi ?
– Non, non Annie, répondit-il l’air ailleurs. Vient un peu plus tard demain matin, tu es restée tard ce soir.

Annie se dit que son chef, devait vraiment être bien content. Elle le regardait mettre les dossiers dans sa mallette. Clac fit le bruit lors de la fermeture. Il prit son manteau accroché sur une des séparations des cloisons d’un mètre cinquante. Elle le vit s’approcher d’elle, en quelques enjambées, le sourire aux lèvres.

Elle s’installa dans le fond de son siège, déposa ses bras sur les accoudoirs, et plongea son regard dans le sien.
Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’elle gardait de la tendresse pour lui, que jamais il ne le saurait, jamais. Elle préférait continuer de travailler à ses côtés, voir ses frasques quotidiennes au bureau avec les autres nanas qui défilaient, et elle en souriait, plutôt que d’être loin de lui. Cela avait été son choix personnel, et elle ne le regrettait pas, oh ! que non.
Au fil des ans, Ils étaient restés d’excellents amis.

La vie professionnelle les sépara.

Vingt ans plus tard, dans un bistrot, ils se sont revus. Annie éclata de rire en le revoyant. Ils parlèrent du passé, de leur relation passée. C’étaient de bons souvenirs…..

© pétale Janvier/février 2009

La clef rouge


Ce texte fait partie de deux autres petits textes non érotiques. Celui-ci en était le premier volet. Ils n’ont qu’un seul point commun. En atelier d’une blogueuse, celle-ci nous avait donné comme consigne de nous trouver devant une porte avec un trousseau de clés, et à partir de ce sujet écrire une histoire en prenant une clé et la suite appartenait à notre imagination.

La clef rouge

A La deuxième tentative la porte enfin s’ouvrit. Nous nous trouvions dans une pièce plongée dans l’ombre.

Johann ne disait rien, je savais qu’il adorait les surprises.

Nous glissions plutôt que marchions sur un tapis doux. De chaque côté de nous, flottaient des draps de la même couleur que le lit que nous venions de quitter. Ils nous frôlaient, s’enroulaient, parfois nous bloquaient le passage, sans jamais nous arrêter vraiment. C’était comme un ballet de tissus entre nous.

Devant nous, un fauteuil et quelques encens se consumaient lentement, diffusaient dans l’air des odeurs de jasmin, autres plus piquants, et aphrodisiaques se répandant ainsi dans l’air.
Autour de nous, le noir total, mis à part cet endroit central éclairé. Une légère brise soufflait venue de nulle part. Et de ci de là toujours ces tissus qui ondulaient comme des vagues, sur une mer bien calme.
– Vient mon amour, lui dis-je d’une voix douce, vient, voici une surprise ! Installe-toi dans ce fauteuil et tu ressentiras des sensations jamais éprouvées jusqu’à présent que seul le monde de la magie peut te procurer.

Je m’assis dans ce fauteuil comme elle me le demandait. J’avais tellement de désir, pour cette femme tant convoitée.
Comme j’aimais les surprises, je m’exécutai, et mes fesses prirent la forme de ce fauteuil, ma foi bien confortable !
A peine installé, la pièce se mit à tourner, le sol se dérobait sous mes pieds, et je me sentis partir et transporter dans une forme de vortex coloré, qui s’approchait de moi à toute vitesse, comme pour me prendre dans ses bras.

– Punaise, me dis-je mais qu’est ce qui m’a bien pris d’accepter cela. Ah c’est bien moi cela, j’aurais mieux fait de tout laisser tomber avant de de succomber au bleu de ses yeux. Les femmes c’est bien comme cela, elles croient pouvoir vous séduire par un regard et ensuite, vous vous retrouvez dans une drôle d’histoire, empêtré jusqu’au cou dans des situations incroyables !

Tout s’arrêta, et le fauteuil repris sa place comme si je ne l’avais jamais quitté. J’étais seul.

Un drap léger déposé à côté de mes pieds soudainement se leva comme mu par une brise qui devait probablement passer par là !
Il se soulevait et sous mes yeux hagards je vis sous celui-ci les formes d’une femme, comme sortie du bain. Je clignai des yeux. Non c’est impossible, c’est ce voyage étrange qui me tournait encore la tête, mais non, le tissu était entièrement collé à sa peau, et épousait toutes ses formes. Peu à peu, celui-ci se transformait sous mes yeux, prenait la couleur chair d’une femme grande, entièrement nue sous mes yeux. Elle avait des cheveux bouclés courts, des yeux qui me fixaient, d’un bleu d’une telle transparence. Elle ne souriait pas du tout.

Petit à petit, je vis le même effet s’opérer autour de moi. Et des créatures aussi différentes les unes des autres se développaient autour de moi. Je n’en croyais pas mes yeux, je devais rêver, et puis où était donc passé Justine. Elle m’avait bien laissé tomber, que diable ! La moutarde commençait à me monter au nez à ce stade ci.
Toujours debout comme un niais, j’avais bonne mine.

La femme brune qui se trouvait à côté de moi, prit ma main :
– Vient me dit-elle, je m’appelle Clara, nous avons à faire tous les deux.
Je marchais à côté d’elle, sa hanche dont la peau effleurait la mienne, par intermittence, était quelque chose de tout à fait délicieux et d’excitant. Sa main me tirait plutôt que m’accompagnait. Nous étions avec les autres qui nous devançaient dans un long couloir noir. Encore ! Cela devait être une manie par ici !
Et puis arrêt brutal. Clara se tourna vers moi, cette fois ci avec un léger sourire, s’approcha de moi, et ses seins se plaquèrent contre mon torse. Je n’osais pas respirer, j’avais à la fois peur, et envie que ce moment ne s’arrête jamais. C’était à la fois délicieux, étrange, si étrange.
Elle se colla encore contre moi, jusqu’à ce que le bas de son ventre se frotte contre le mien. Elle semblait satisfaite, trop d’après moi et de la main, m’effleura le visage, les bras, les hanches. Sa paume épousa toutes les formes de mon corps. Je me laissais doucement glisser dans le cocon de la volupté. J’y entrai totalement, me conduisant vers l’extase.

Un baiser léger. Justine se trouvait là, souriante, radieuse.
– J’espère que tu as fait de beaux rêves ? me dit- elle

Pour toute réponse je pris sa main entre les miennes et mis un baiser sur chaque doigts de dentelle.

© Pétale – 13 novembre 2011

Pour ce qui concerne ce fauteuil, je renvoie à une information intéressante provenant d’internet dont voici le lien :

Le fauteuil des voluptés – origines

Surprise du soir


Surprise du soir

Je venais de rentrer d’une journée harassante. Mes nombreux déplacements,  surtout sous la chaleur omniprésente de la région Toulousaine m’avait fait perdre quelque peu de ma superbe.
Je n’avais qu’une seule hâte rentrer chez moi, prendre une douche, et boire une bonne bière. Lily connaissant mes goûts en la matière, me gardait souvent une fraîche et prête à être dégustée.

Je rangeai la voiture de la société au garage et  grimpai les quelques marches qui menaient à l’entrée principale de cette demeure fraîchement acquise, le coeur léger.
J’avais hâte de la retrouver.
La veste de mon costard jeté négligemment sur ma large carrure semblait être attirée vers le sol.  Je l’attrapai  juste à temps.
La maison était bien silencieuse. Je me mis en quête de la femme qui partageait depuis peu mon existence. Je l’avais rencontrée récemment lors d’une réunion de travail, dans le domaine de l’assainissement de l’eau. Elle y travaillait depuis peu et avait décroché le job de ses rêves. Dans la trentaine, brune, cheveux courts, sportive d’allure, élégante certains soirs de sortie,  je l’aimais de toute mon âme.
De loin son aîné, et la quarantaine bien sonnée, j’aimais notre relation pleine de surprises. Celles distillées au quotidien dans un couple à construire et à renouveler constamment.

Du regard,  je la cherchais,  explorais les quelques pièces de la maison, lorsque de loin je la vis là-bas au détour d’une pièce.
Mon regard quelque peu surpris, ne vit d’abord que ces cuisses sur lesquelles j’aimais tant promener mes mains, cuisses aussi lisses et palpitantes lors de nos ébats.
Elle était assise sur un tabouret, et je ne pouvais guère deviner dans la pénombre du soir, le reste de son corps.
Je ne voyais que ces deux jambes, l’une repliée, une invitation si sensuelle.
Elle savait que j’aimais les dessous féminins qui m’excitaient au plus haut point, et déjà je ressentais entre mes jambes, un désir qui se pointait en devenait presque douloureux.  Ma fatigue soudain s’était estompée.

Je restais figé sur place, à la regarder, en silence. Que m’avait-elle préparée comme surprise ?
Je voyais de loin deux verres qui attendaient.
Ses bas en résille brillaient sous la semi-pénombre, et les longues jambes interminables me laissaient troublé,  le souffle court.
La coquine avait su y faire pour me surprendre ce soir.  Tout y était comme ambiance,  jusqu’à la pointe de ses chaussures qu’elle avait dû soigneusement choisir dans les nombreuses paires qu’elle possédait.

J’imaginais le dessus de sa tenue, presque dénudé.

– Tu es rentré Bernard me dit-elle dans un souffle,  j’ai cru entendre du bruit ?

Je ne répondis pas,  ne voulais pas rompre ce charme où dans cet instant magique et unique.  Et puis à chacun ses petits plaisirs,  et la coquine si elle savait s’y prendre,  je pouvais également et de mon côté, faire de même.

J’imaginais un haut de corps transparent, où le bout de ses seins pointeraient dans l’attente de ma bouche sur eux.
Mon désir grandissait, et doucement je déposai la veste sur le canapé. La cravate dénouée, fut enlevée aussitôt.

Je la désirais là en ce moment, et il devenait plus fort, plus violent.

J’approchai près du bord de la porte, de côté,  afin qu’elle ne me voie pas, mais que je puisse encore et encore la regarder, m’en délecter, éprouver cette joie de la voir ainsi offerte aux plaisirs de mes yeux voyeurs et vagabonds. Mon esprit s’emballait et mon coeur aussi.
Mon ventre se crispait, elle avait su s’y prendre pour me mettre dans l’état où je me trouvais.

Je l’imaginais, déjà dégoulinante de désirs, le haut des cuisses légèrement entr’ouvert dans cette invite si lascive.

Je me glissai près  d’elle, et sur son visage le sourire coquin que je lui connaissais si bien fut vite remplacé par un baiser enflammé, où nos mains partirent à l’aventure de nos corps frissonnants de plaisirs.

20 avril 2012 – Instantané d’écriture comme pour la photo

La robe rouge


Illustration

Une robe rouge

Vous m’aviez dit qu’il suffisait que je pense très fort à vous pour que la magie opère. Venez je vous attends. Le temps n’a aucune emprise sur les amants.

Dans le vide, je ferme les yeux, je tends la main, un, deux, trois soleils, serez-vous là lorsque je les ouvrirai ?

Vous parcourez la campagne en quête d’une liberté, celle qui ne sera jamais la nôtre. Et je suis là, à vous attendre. J’ai mis la robe que vous dites tant aimer me voir porter. Elle est rouge comme le sang qui coule dans nos veines et de la soif qui s’alimente de nos rencontres si intenses et trop courtes.

Elle souligne la blancheur de mon cou offert à vos yeux fous de désir, je le sais, je le sens lorsqu’ils se posent sur mes épaules, poursuivent la route sinueuse entre deux pommes rondes et gonflées des odeurs du printemps. Ma main suit ce regard imaginaire, descendant vers le ventre alourdi par les années, les enfants. Et dans le creux de ce mont de Vénus, mes doigts glissent sur la soie et se souviennent des vôtres.

Ils se crispent remontent le tissu, passent entre les chairs humides au souvenir de notre dernière étreinte. Dans cette pièce sans âme et glaciale, mes joues aussi rouges que les escarpins flambent sous le souffle chaud du plaisir.

Vous verrais-je, si j’ouvre les yeux ? Dites-moi oui, dites le moi. Promettez que devant moi vous serez nu ?

Je vous imagine là vous délectant de mes caresses. Vos mains ont pris votre sexe tendu vers moi, impatient de s’approcher et de m’ôter ce dernier rempart carmin qui ne ferait qu’un avec la couleur de ce dôme tentateur.

Les jambes écartées, je chancelle. Mes pétales vous appellent.

– Vous êtes belle comme sur la photo que j’ai de vous dit une voix douce et sensuelle.
– Oh ! vous êtes là ! La magie a dit vrai. J’ouvre les yeux.

Vous êtes ému, un peu crispé et dans votre magnificence nudité, c’est vous qui me tendez la main, en cet instant unique.
Je n’ose la prendre. Mon désir est si fort de vous que j’en tremble au bord de la jouissance.
Comme dans mon souvenir, de l’autre main vous vous caressez, rapidement. Des gouttes perlent auxquelles j’ai envie de m’abreuver. Ma bouche se mouille de gourmandise devant ce que vous m’offrez.

Mon roi, je suis votre reine. J’ai revêtu mon apparat de scène, celui de la tentation. Pour vous je deviens indécente, lubrique, salope. Le diable de la luxure s’empare de mes sens.

– Suivez-moi amant terrible, vous pouvez me résister, mais à ma bouche vous succomberez.

Nos mains se touchent, se tâtent, s’attirent. Les yeux dans les yeux, nous savons tous les deux que nous sommes proches de la jouissance. Elle s’impose, force à nous abandonner sur le rebord d’autant de voluptés.

Debout face à votre stature conquérante, je ne puis que vous faire croire que vous êtes le souverain de mon château libertin. Je baisse la tête, esquisse un sourire espérant qu’il vous ait échappé.

Une porte vient de claquer. Je sursaute. Qu’est-ce ? Le vent ?
Non, vous êtes parti comme vous étiez venu. Demain je ne pourrai plus vous reconnaître. Un mirage dans mon cerveau empoisonné par la maladie. Celui de l’oubli.

© petale 4 avril 2012

L’amour immobile – Epilogue


L’amour immobile – Epilogue

Ils avaient trouvé leur équilibre en continuant à s’aimer avec un respect mutuel de cet amour si particulier, humain, et où Maddy apprenait grâce à Mimi une autre manière de se donner sans rien attendre en retour. Peut être était ce cela l’amour ? Elle l’ignorait, juste une question.

Elle ne pouvait oublier le regard que posait Mimi sur elle. Dans ce regard, elle se sentait aimée, femme, désirée. Dans ses yeux elle voyait ou croyait voir tout l’amour qu’il avait pour elle. Et elle ne pouvait que lui rendre ce qu’il lui donnait, tout était si naturel.

Et puis la vie pris un autre tour. Elle partit vers un autre pays. Mimi l’y incita et en fut en quelque sorte le principal instrument. Pendant un an, séparée de lui, et chaque jour essayant de ne pas perdre ce fil tenu mais indescriptible de continuer à s’aimer au-delà de toutes les décisions possibles.

Puis un jour du mois de juin, une année après son départ, Mimi tomba malade, une pneumonie plus grave que les autres. Elle s’en inquiéta avec les autres surtout son amie Rachel. Quelques coups de fil ce matin là échangé avec papa pour savoir comment il allait. Et puis un sms de Mimi jamais parti, question de communication avec les portables, et puis l’immense silence qui s’est installé à jamais.

Il était parti, libéré de ses entraves. Livre de voler enfin comme un papillon et d’entreprendre comme il le souhaitait tous les voyages qu’il avait envie de faire au-delà des monts et des vallées, et venir me rejoindre dans le creux de mon oreille pour me dire tous ces je t’aime qu’ils aimaient tant échanger.

Pour Mimi que Maddy n’oubliera jamais.

© petale septembre 2011

L’amour immobile – Chapitre 3 – (3)


La lettre – Henri Lerolle

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L’amour immobile – Chapitre 3 – (3)

Le dernier incident s’était quelque peu estompé et les jours s’égrenaient au rythme de Mimi, de ce qu’il racontait de sa vie de tous les jours, de ses démêlés avec son père concernant Maddy, avec son frère aussi, bref tout cela n’était que la vie normale d’un entourage familial. Il était parfois malade, une mauvaise grippe, alors Maddy avait très peur, sachant qu’une infection peut vite se transformer en pneumonie et être fatale.
Tout le groupe se mobilisait virtuellement et à distance attendait son retour. Il y avait les anciens ceux qui le connaissait bien avant l’arrivée de Maddy, et puis d’autres. Il existait ainsi sur la toile une solidarité qu’elle trouvait unique et extraordinaire. L’aide des uns et des autres continuaient. Entre-temps le groupe s’était divisé en deux, d’un côté pour les problèmes sérieux, et de l’autre pour les bavardages et amusements multiples tout cela dans le but de distraire Mimi et de le faire rire.
Un jour Mimi annonça à Maddy qu’il devait absolument lui écrire quelque chose d’important et que ce courrier via mail lui serait envoyé le même jour.
Lorsque Maddy ouvrit le courrier, elle se demanda bien ce qu’il pouvait contenir.

Mamour,

Tu es pour moi la femme que j’aime et avec qui je voudrais passer le restant de mes jours. Tu es tout pour moi, et je sais que les mots que je vais écrire sont cruels. Je ne suis pas bien du tout ces derniers temps, tant cette situation me met dans tous mes états. Je suis tiraillé entre papa et toi, et je ne sais plus quoi faire. Papa est là pour moi depuis si longtemps et a laissé son travail pour s’occuper entièrement de moi.
Je lui suis redevable de tant de choses, de ce que je suis encore en vie aujourd’hui, même si ce n’est pas rose tous les jours. Je me vois mal dire à papa, voilà Maddy vient s’installer ici. Il ne le supportera pas et comme je le connais voudra partir. Ce que je ne souhaite pas.

Je sais que je te fais beaucoup de peine. Mais j’ai réfléchi, énormément et il me semble que la seule solution acceptable, c’est de nous voir encore si tu le désires encore après ce courrier, mais t’épouser cela n’est pas possible.
Avant de t’écrire ces mots j’ai beaucoup réfléchi, mon coeur est torturé d’avoir à faire ce choix bien difficile. Te connaissant je sais que tu ne l’accepteras pas. Mais essaie au nom de nous deux de comprendre ce que je ressens. Essaie Mamour.

Ensuite tu as voulu diriger ma vie, prendre les choses en mains, et je sais que tu l’as fait pour moi, mais tout cela était trop tôt, si vite. Je n’ai pas pu supporter tous ces projets.
Tu es toute ma vie, je t’aime, mais jamais nous ne pourrons vivre ensemble, telle est ma décision. J’ai retourné ce sujet dans tous les sens, me suis beaucoup torturé, et je n’ai plus envie de vivre tous les jours dans cet état d’esprit. Je ne veux pas que papa soit mis à la porte de l’appartement. Je ne veux pas qu’il se sente exclus. Je ne veux pas le faire souffrir, il ne le mérite pas après tout ce qu’il a fait pour moi, et surtout depuis que ma maman n’est plus là. Je me sens si responsable de son départ. Papa compte sur moi si fort.

Voilà ce que j’avais à t’écrire de si difficile, c’est dit. Je ne sais pas ce que tu me diras, ni quelle sera ta réaction, mais sache que je t’aimerai toujours.
Ton Mimi .

Maddy restait les yeux rivés sur l’écran, relisant ligne après ligne, ce qui était écrit et fermant à jamais tout ce en quoi elle avait rêvé, ce en quoi elle avait cru.
Les mots petit à petit ont eu accès à son coeur, à son corps tout entier, et là elle su que jamais ils ne vivraient ensemble, qu’elle ne l’épouserait pas. Elle ferma l’ordinateur, se mit sur son lit et éclata en pleurs.

Le lendemain, elle se leva, emplie d’une telle tristesse. Elle se sentait rejetée et incomprise. Les coups de fils se succédèrent et Mimi essaya de lui expliquer avec toute la gentillesse dont il était capable, malgré la dureté de ses propos ce que lui ressentait aussi, que c’était la meilleure des solutions et que depuis qu’il lui avait écrit cette lettre il se sentait tellement mieux.

Maddy atteinte d’un second degré d’incompréhension écoutait, enregistrait et avait tellement mal. Pourquoi ne pourraient-ils pas vivre tous les trois ensemble se disait-elle ? Il n’y avait pas de trop de deux bras supplémentaires.

Ce n’étaient que de fausses idées qu’elle se faisait. Elle dû petit à petit constater mais pas pour autant accepter.
Les visites mensuelles continuèrent et elle se permit même de se rendre à l’étranger revoir son ancien petit ami. Mimi était au courant et ne demandait qu’une seule chose, c’est qu’elle se change les idées.
Maddy voulait oublier non pas Mimi, mais ces soucis là du moins temporairement. Alors ce furent quelques aller-retour entre les deux pays. Elle se confiait à Mimi, ne lui cachait rien de ce qu’elle vivait. Elle avançait et continuait envers et contre tout dans l’existence ne sachant plus trop bien ce qu’elle devait faire, ou était sa place.
Elle l’aimait tellement. Dans cet autre ailleurs, elle était bien accueillie. Elle songeait même s’y établir en y cherchant du travail. Mais ce fut peine perdue, pas de place pour elle. Trop vieille déjà.

Elle revenait dans son appartement après son bol d’air, quelque peu égoïste sur ce coup là, pensait-elle. Elle allait voir Mimi, lui racontait son voyage. D’ailleurs là-bas, elle était constamment en ligne avec lui. Elle lui racontait la plage, la mer, ce qu’elle faisait. Et ainsi il voyageait avec elle. Petit à petit s’était installé une forme d’autre entente entre eux, ou la pensée de ne jamais vivre ensemble s’était insidieusement placée, comme un contrat tacite sans reconduction possible, illimité dans le temps. Ce qui restait bien réels, étaient les sentiments qu’ils éprouvaient. Rien ne changeait. Pour Maddy cela lui semblait impossible et revoir son ancien ami n’avait plus rien à avoir avec ce qui avait été vécu auparavant.

Elle restait toutefois dans la colère et l’incompréhension. Il en fallu des semaines pour arriver à comprendre que finalement Mimi avait pris la bonne résolution.
Au cours de nombreux contacts téléphoniques et de conversations via Internet, elle finit par comprendre avec l’amour dans son cœur, qu’il était préférable pour lui de rester avec son papa.

Petit à petit elle ouvrit les yeux sur la difficulté qu’il avait dû avoir de prendre une telle décision. De son courage aussi, et de se rendre compte combien il avait dû être tiraillé entre son père et elle-même. Elle ne ressentit aucune culpabilité, bien au contraire, mais un amour encore plus grand pour cet homme qui dans l’état où il se trouvait ne méritait pas de souffrir dans son cœur de cet amour qu’il devrait garder ainsi intact pour eux deux. Platonique. Mais tellement fort. C’est ainsi qu’ils le ressentaient tous les deux. Ils n’en finissaient pas d’en parler.

Personne dans l’entourage de Maddy était au courant. Elle taisait cet amour pour le protéger d’après elle. Elle ressentait que d’autres auraient pu porter atteintes à ce qu’elle ressentait vis à vis de Mimi. Sa façon à elle de vouloir les garder dans un cocon personnel. Malgré la présence de papa. Maddy ne savait pas si tout ce que Mimi lui racontait concernant son père ainsi que les décisions que Mimi avait prises étaient vraies. Quoi qu’il en soit, elle se devait de les accepter comme telles. Ou alors rien du tout et puis ne plus le voir, ne plus l’entendre.

De toute manière elle l’aimait, le choix était rapide et vite fait. Pour l’aimer, autant lui prouver par les actes qu’il pouvait compter sur elle du mieux qu’elle pouvait. Et les mois ainsi durant cette année là s’écoulèrent jusqu’à l’année suivante au début du printemps.

FIN DU TROISIEME CHAPITRE

Epilogue

L’amour immobile – Chapitre 3 – (2)


Illustration : Michel Chaufoureau

L’amour immobile – Chapitre 3 – (2)

Ils s’embrassèrent, se caressèrent, se prodiguant des plaisirs qu’elle avait appris à connaître avec lui et qui lui prodiguaient tant de jouissances fulgurantes et silencieuses. Elle s’était aussi occupée de lui. Ils en avaient parlé et elle avait pu lui donner ce plaisir qu’en tant qu’homme il méritait, qu’il avait le droit de recevoir et que dans cette masturbation elle essayait de lui transmettre avec tout l’amour qu’elle ressentait pour lui. Cette jouissance toute masculine entre les doigts fins et féminins de Maddy qui ne reculaient devant rien pour apporter cet orgasme à l’homme qu’elle aimait.

En retournant le soir en train jusqu’à son domicile Maddy réfléchissait à l’avenir, et s’enlisait dans des projets pour lesquels elle se sentait si emballée.

Quelques jours passèrent. Puis un soir une discussion avec Mimi par écran interposé, comme d’habitude. Tout se passait bien jusque là. Ce soir là Mimi entama avec elle une conversation qui resterait à jamais gravée dans sa mémoire.

Il lui disait qu’il n’était pas content, même furieux. Il ne voulait pas qu’elle s’immisce ainsi dans sa vie, qu’elle s’occupe de lui et des discours qu’elle lui avait tenu là chez lui en essayant de tout diriger, de tout prendre en mains. Il se sentait bien tel qu’il était. Et puis l’histoire du fauteuil, disait-il encore, c’était de la bêtise. Elle devait bien savoir qu’il ne pouvait plus du tout bouger ni se plier, comme avant. Il était irréductiblement ligoté avec son corps, allongé là avec son lit définitivement sans espoir de pouvoir un jour penser à autre chose. Du moins c’est ce qu’il croyait. C’était pour lui devenu sa certitude personnelle, son point d’ancrage, sa réalité quotidienne.

Maddy écoutait sidérée ce flots de paroles, ou du moins les mots qui défilaient sous ses yeux sur ce faible bandeau blanc, seul interlocuteur anonyme, inhumain qui lui faisait face. Un écran lumineux fait de rien du tout, que de pièces mécaniques comme une automobile, un mélange de sciences et de technologies certes, qui permettait d’échanger oui, mais là, cela devenait insupportable. Car les mots écrits les devenaient aussi à lire.

Elle ne comprenait pas sa révolte, le trouvait injuste dans ce qu’il lui écrivait. Non cela n’avait pas du tout été son intention, elle avait voulu l’aider dans leur avenir commun, le soulager, lui apporter que du bien-être. Non elle n’avait pas voulu le heurter, ni prendre la direction des opérations. Cela n’avait été que des projets tout simplement. Elle ne comprenait pas la révolte de Mimi, elle ne comprenait pas ce qu’il lui écrivait. Elle restait abasourdie devant la révolte de cet homme là-bas au loin, avec lequel elle ne pouvait même pas communiquer de vive voix en ce moment. Coincés qu’ils étaient ensemble par le rempart appelé Papa.

Maddy réfléchissait à ces mots de la dernière fois. Elle ne comprenait pas. Avait-elle donc été si maladroite ? La conversation se termina en dispute et Mimi coupa court sans dire au-revoir ni les petits mots d’amour qu’ils échangeaient habituellement.

Maddy se mit à sangloter. Il lui semblait que le monde autour d’elle se disloquait, se sentant totalement incomprise. Elle prit son téléphone et appela Rachel l’éternelle confidente, toujours là, prête à l’écouter, et constamment présente. Rachel était bien patiente et lui disait qu’elle entendait si bien les discours de l’un et de l’autre. Qu’elle les aimait tant tous les deux, entendait leur souffrance mutuelle.
Maddy raconta à son amie ce qui c’était passé à ce moment là avec tous les détails entre deux pleurs.

– C’est normal lui dit Rachel qu’il réagisse comme cela, tu es vive, spontanée, amoureuse, impétueuse, et lui ressent cela comme de l’agression, de l’ingérence dans sa vie.
– Absolument pas, comment peut-il penser une telle chose ? je ne souhaite que son bien autant pour lui que pour moi, comment a t-il pu me dire des choses aussi horribles ?
– Ne l’écoute pas, continuait Rachel en essayant d’être apaisante dans ses propos, Mimi est bouleversé dans son quotidien. Tu débarques, tu lui parles de tas de nouveautés. Il n’est pas habitué à cela Maddy, d’être bousculé dans sa vie, c’est encore un si grand enfant. Il faut essayer de le comprendre.

– Je me sens si désarmée Rachel. Et elle continuait à pleurer de plus belle, se disant que là tout était terminé de par sa faute.

Les paroles de Rachel l’apaisèrent quelque peu, mais dès qu’elle eut raccroché, elle s’allongea sur le lit, ne soupa même pas, et se dit qu’elle allait passer une mauvaise nuit.

En fait non, elle dormit tout à fait normalement. Et le lendemain, le temps se mit en attente, en pause dans son existence. Tout tournait dans sa tête, les mots échangés. Elle essayait d’analyser, de comprendre. De si loin pour eux deux et sans pouvoir communiquer normalement, comment pouvoir résoudre ce
malentendu ?

Maddy comprenait qu’il se sentait bousculé, cela lui paraissait totalement évident. Elle avait une fois de plus trop parlé. Ses pensées comme elles venaient, elles les avaient soumises à l’homme qu’elle aimait, de suite en ne réfléchissant pas aux conséquences, uniquement pour partager ensemble ce qu’elle pensait. Elle n’avait pas voulu lui faire du mal, oh ! que non ! jamais ! cela non jamais !

Mimi continuait de l’accuser de tout le mal être qu’il ressentait suite à cette dernière visite. Elle entendait les mots qui frappaient fort comme des couperets, tombant sur le rectangle blanc et s’affichant l’un à côté de l’autre comme des sentences ultimes, des arrêts de coeur qu’elle ressentait dans tout son être.

Et ce fichu ordinateur, ces messages instantanés faits pour mieux se comprendre se dit-elle, rien que du pipeau, de la daube, pour mettre davantage de malentendus. Finalement le téléphone aurait été plus aisé, au lieu d’avoir échangé ainsi par messenger. Sur cet écran, pas le son, pas le ton de la voix, pas le visage, que de l’anonymat, du recul, de la distanciation, de l’inhumain en final.

La journée s’écoulait ainsi avec son lot de questions, dans l’attente d’un coup de fil qui ne saurait tarder de la part de Mimi.

Elle avait hâte de lui parler, de savoir s’il était dans les mêmes dispositions d’esprit que la veille. Elle souhaitait avoir des explications.

Elle pu enfin entendre cette voix à laquelle elle était si attachée. Ils parlèrent de la veille. Mimi restait sur ses positions et essayait de faire comprendre à Maddy ce qu’elle avait laissé transparaître dans son discours.
Elle lui répondit ce qu’elle avait souhaité lui dire, que ce n’étaient que des projets et non pas dans l’immédiat.

Elle se fit la réflexion que décidément les hommes et les femmes avaient bien souvent du mal à se faire comprendre en utilisant pourtant les mêmes mots. Hélas chacun portait en lui son passé, ses peines, ses blessures et malgré les cicatrices en cours trimbalait en lui sa propre histoire. Il fallait assumer et surtout essayer de communiquer envers et contre tout.

Dépasser tout cela, rester raisonnable. Oh la la !!! un mot qu’elle détestait Maddy. Etre raisonnable ! Elle l’éternelle révoltée de la vie, non exprimée et enfermée dans ce silence depuis si longtemps. Ah ! depuis lors et toutes ces dernières dizaines d’années elle s’était bien rattrapée pour ne plus s’isoler dans la non expression verbale, et pourtant elle s’y trouvait encore confrontée. Difficile de se laisser emprisonner, de s’abandonner aussi à l’autre.

Mimi lui expliqua qu’il avait ressenti de sa part autant de prises de position, et qu’elle lui avait fait peur.
Et voilà se dit-elle. Nous y étions ! Une fois de plus elle dérangeait. Une fois de plus sa voix résonnait trop fort ainsi que ses pensées.

Après une longue analyse elle était parfaitement au courant de tout cela, et elle n’avait rien appris de nouveau en ce qui la concernait étant elle-même son pire juge. Mais là elle ne comprenait pas et pourtant ce n’était pas faute d’essayer.
Elle finit par admettre pour elle-même qu’elle avait été maladroite vis à vis de lui, trop rapide dans son discours, trop directe. Elle avait laissé parler son coeur de manière impulsive et passionnée comme elle était. Et le boomerang revenait.

Elle écoutait Mimi attentivement et ne pouvait rien faire pour lui. Il était encore plus sensible qu’elle. Et tout cela était si normal. A force de se parler et d’échanger ainsi au téléphone, il s’adoucissait, revenait à de meilleurs sentiments et pour terminer lui avoua qu’il l’aimait toujours, mais qu’il ne voulait pas se sentir prisonnier de l’amour qu’elle lui portait, ni se sentir envahi par elle.
Elle sourit en elle-même en se disant qu’à raison d’une visite par mois, tout cela n’était qu’un faux prétexte, et que là-dessous se cachaient d’autres raisons qu’elle soupçonnait bien entendu. Mais elle ne dit rien, à quoi bon. Elle l’aimait tel qu’il était, l’acceptait tel qu’il était, quelle meilleure preuve d’amour pouvait-elle lui apporter que ce respect de lui dans tout cet environnement ?
Et le gros détail qu’elle avait oublié, c’était le fait qu’il était complètement immobile, totalement.

A force non pas d’ignorer cette paralysie, mais de le regarder vivre comme n’importe quel autre homme qui aime et qui se laisse aimer, elle avait omis cet énorme détail. Jamais il ne pourrait retourner dans ce fauteuil, et il le lui dit. Elle le savait. Ce n’était pas un impair, juste un rêve sur lequel elle s’était laissée emporter malgré elle et avait entraîné Mimi d’où peut être cette colère aussi vis à vis d’elle. Non pas qu’elle se sentait coupable, mais il souffrait elle le savait.

Il avait tant de désirs de vivre avec elle, de pouvoir se déplacer comme n’importe quel être humain. Il lui avait répété si souvent que jamais il ne pourrait l’emmener au restaurant, ni danser, ni faire des voyages. Bref exprimer ce qu’un autre homme lui aurait dit. Mais dans la bouche de Mimi tout avait une autre résonance, celle de quelqu’un qui s’éveille à l’amour et à la vie. Mais avec une acuité plus intense vu son état. Et c’est ce cri qu’elle entendait. Son refus de ne pas se laisser enfermer par des décisions qu’elle pourrait prendre.

Elle ne mesura pas de suite la portée de ce qu’il lui dit ce jour là, elle essayait seulement de comprendre, jusqu’au jour de la lettre.

Chapitre 3 – 3

L’amour immobile – Chapitre 3 – (1)


Illustration : Jean-Baptiste Valadie

L’amour immobile – Chapitre 3 – (1)

Après cette demande, Maddy ne vit plus que dans la seule idée de la visite prochaine. Elle y aspirait avec tant de hâte.
Ensemble par claviers interposés, ils rêvaient ensemble de cette vie. Le seul point évité, était celui de papa. Curieusement Mimi l’évitait et Maddy ressentit de suite que le malaise concernant cet homme s’installait. Elle voyait les problèmes surgir et voulu les ignorer en se disant qu’ils disparaîtraient, se résoudraient. Elle n’avait pas envie d’exclure cet homme oh! que non !

Et ses pensées s’enhardissaient, s’envolaient vers tous les projets possibles et inimaginables concernant la vie possible avec Mimi et l’état dans lequel il se trouvait et pour lequel elle se sentait pousser des ailes d’entreprises diverses pour alléger la vie de l’homme qu’elle aimait.

Son état allongé, cette machine à ses côtés qu’elle appelait « la machine infernale ».
Une machine qui distillait petit à petit du poison en même temps que l’air dans les poumons de Mimi. Ce poison c’était l’humidité qui finirait à long terme d’assécher toutes les alvéoles couvrant ces sacs d’air, jusque dans les moindres recoins des parois. Elle se disait qu’il y avait certainement moyen d’avoir d’autres systèmes plus modernes, d’effectuer les démarches nécessaires pour améliorer le quotidien de Mimi, de lui rendre la vie plus légère, plus supportable, du moins dans la mesure où parler de subir un tel état, pouvait être rendu plus agréable.

Elle avait vu à la télé, l’acteur ayant interprété superman réduit presque dans le même état en chaise roulante suite à un accident de cheval, et aussi dépendant de cette bonbonne d’air attachée à son fauteuil roulant.

Elle avait omis dans ses pensées un gros détail, emportée dans l’excitation de tous ses projets qui formaient une belle danse dans son esprit.

C’est avec toutes ces pensées qu’elle se rendit à la visite suivante toute heureuse de faire part à Mimi de toutes ses pensées.

Et là devant la grande fenêtre qui donnait sur un vieil immeuble désaffecté qui devrait bientôt être démoli, elle parlait à Mimi de tous les projets qu’elle avait en tête. Elle se sentait libre, et heureuse. Il montrait le même enthousiasme qu’elle. Leur conversation se faisait entre eux. Papa s’était quelque peu absenté pendant cette conversation, et ce qu’elle exprima à Mimi c’était son coeur qu’elle livrait de femme aimante.

Elle lui disait aussi qu’elle envisageait de vivre auprès de lui, qu’avec leurs petits revenus, ils pouvaient très bien s’en sortir. Il y avait de la place, une chambre pour elle. Papa avait la sienne.

Elle s’aventura à lui parler de l’état d’immobilité dans lequel était plongé depuis tant d’années, cet homme qu’elle aimait. Elle lui parla d’un fauteuil, d’un autre respirateur, d’un autre appartement, qu’elle s’occuperait de tout. Et qu’ainsi papa pourrait enfin souffler et espérer vivre une retraite bien méritée.

Dans son discours elle fut très enthousiaste, à un point tel qu’elle s’emballait toute extravertie qu’elle était, dans les projets qu’elle déballait les uns après les autres et qu’elle déversait ainsi un peu de manière abrupte, sans se rendre compte de pas mal de choses.

C’est vrai qu’elle voulait le bousculer et lui montrer que la vie pouvait encore être belle, surtout à deux. Son handicap était réel, elle le savait, mais il y avait, pensait elle certainement d’autres moyens pour Mimi, d’autres possibilités de pouvoir lui rendre la vie actuellement plus agréable. De cela elle en était si certaine.

Mimi était aussi enthousiaste qu’elle et se mettait aussi à rêver d’une vie meilleure. Il souhaitait tant se retrouver sur une grande terrasse, du moins c’était un des rêves qui lui tenait le plus à coeur. Là où il se trouvait, son lit ne pouvait même pas être déplacé. Trop large, et l’appartement pas conçu pour une personne à immobilité totale comme lui. Donc les porte-fenêtres trop étroites. Il ne pouvait jamais sortir, aller respirer l’air du printemps, de l’été et des saisons qui passent.

L’après-midi ils la passèrent ainsi dans des projets communs, en abordant tout de même le sujet le plus important qui était de devoir préparer papa.

Mimi dit à Maddy qu’il se chargerait de tout lui-même et qu’il ne fallait surtout pas qu’elle intervienne, ce que Maddy trouvait tout à fait normal. Papa ne lui était guère sympathique, mais ils échangeaient en toute politesse, et puis il devait tout de même bien voir comment elle aimait son fils. Il ne pouvait pas l’ignorer se disait-elle.

Et pourtant devant lui elle se sentait comme une gamine à 17 ans. C’était un sentiment si étrange, elle qui avait pas mal vécu dans son existence de se retrouver intimidée par cet homme là !

Tout était si évident, et Maddy ne voyait rien !

Chapitre 3-2

L’amour immobile – Chapitre 2 – (8)


Anonyme

L’amour immobile – Chapitre 2 – (8)

Il fallait le rassurer. Et puis c’était si bon, oh ! que oui, un pur délice. A croire se dit-elle que ce n’était pas la première fois qu’il s’aventurait ainsi entre les cuisses d’une femme. Il savait venir la chercher ainsi. L’amour accompli des miracles, le désir, l’envie aussi. Elle mimait avec son bassin des allées et venues sur les doigts qui s’étaient maintenant introduits en elle, et Maddy sentait que bientôt, très vite même, elle allait jouir.

Elle retardait encore un peu, en regardant Mimi dans les yeux, en ayant mis sur son torse, son bras gauche, appuyé sur lui, sur son t-shirt en caressant ainsi ce bout de tissu qui, seul, apparaissait au bout du drap blanc qui le recouvrait. Il avait un visage radieux, et elle n’avait plus qu’une seule pensée jouir.

– Mamour lui dit-elle, je vais jouir, tu sais, c’est tellement bon ! Tes doigts sont merveilleux ….encore !
– C’est bon ?
– Oui !
Cette affirmation dans un soupir, surtout ne pas faire de bruits.

Elle tremblait de tout son être. Le frisson annonciateur montait depuis le bas de ses reins, s’étendait vers tout son dos jusqu’à ses épaules. Elle ferma les yeux et ce fut l’explosion.

Sa main se mit sur le bras de Mimi et pour lui faire partager cet unique et premier moment, elle l’agrippa, le pinça, y rentra ses ongles, eut envie de le griffer, de le mordre, d’hurler cette jouissance. Alors elle mordit sur ses lèvres pour éviter de crier et rejeta quelque peu sa tête en arrière. C’était fort et tellement merveilleux. Il l’avait prise et elle s’était donnée. En cette minute il y eut symbiose totale, même si Mimi n’avait pas joui.

– Tu es belle lui dit-il

Elle se savait être regardée, et dans une forme d’impudeur lui montrait cette jouissance.

Il était là à côté d’elle allongé. Elle essayait de reprendre ses esprits, doucement toujours sans bruit. Elle souffla, l’air l’expulsant entre ses lèvres actuellement ouvertes. Il continuait encore à la caresser et elle se dit qu’elle n’aurait pas mieux fait en se masturbant. Toute à ce plaisir éprouvé elle reprenait peu à peu ses esprits. Elle revenait de très loin, d’un voyage de pure jouissance, où tout ce qui l’entourait avait disparu. Elle s’en rendait compte, abandon total.

Il finit par remettre sa main lentement sur le drap. Elle se leva et ils s’embrassèrent longuement en se disant des « je t’aime » murmurés, mots traversant les lèvres entre elles soudées.

– tu es un amour, c’était si bon ! C’est comme si tu avais fait cela toute ta vie lui dit-elle rieuse !
Il rit en retour, comme s’il s’agissait d’une bonne blague qu’il lui avait faite et là, elle reconnaissait si bien, le gamin qu’il était restait dans ce corps d’adulte. Et pourtant, qu’est ce qu’elle l’admirait ! Car ce côté gamin n’était qu’au niveau des sentiments et non du reste des raisonnements ou pensées qu’ils échangeaient.

Elle était là assise de manière si anonyme, ne sachant plus très bien comment elle s’appelait. Quel plaisir et quelle déferlante !

– C’était si bon murmura t-elle !

Peu à peu elle redescendait sur terre. Elle était si heureuse. Elle se pencha à nouveau à l’oreille de Mimi et lui dit :

– la prochaine fois se sera à ton tour.
– Oh ! oui fut sa seule réponse quelque peu intimidé.

Maddy et Mimi restaient là l’un près de l’autre sans mot dire, se regardant et se dévorant des yeux. Ils n’avaient pas besoin de se parler, ils se comprenaient sans mots dire. Et pourtant pensait-elle, comme ils pouvaient se disputer lorsqu’ils étaient éloignés. Ils avaient la même sensibilité, une susceptibilité quasi similaire, chacun ayant vécu des traumatismes différents. Maddy se dit que le sien à côté de celui de Mimi n’était vraiment rien. Il gisait là allongé, immobile.

Et pourtant il lui démontrait par messenger lorsqu’ils se « parlaient » ou bien par téléphone, combien il était plus fort qu’elle. C’est ce qu’elle croyait. Elle le trouvait exceptionnel malgré leurs coups de gueule, leurs désaccords si excessifs. Dans ce domaine, ils avaient tous les deux le pompon et l’amie de Maddy, Rachel en voyait de toutes les couleurs concernant ces dialogues de sourds.

– Tu as de bonnes couleurs lui dit Mimi en riant avec cette fameuse voix métallique, cassée qu’elle trouvait maintenant si charmante, si caractéristique, unique.

A ces mots elle sortit de ses pensées et lui répondit qu’elle espérait que le père ne remarquerait rien.
Elle se dit aussi que le long silence qui avait suivi cette fin d’après-midi devait quelque part paraître suspecte à cet homme tout de même plus âgé qu’eux. Elle se dit que peut être il soupçonnait quelque chose. Et puis tant pis, après tout son fils a le droit d’être heureux, de connaître la joie de ressentir qu’il peut être un homme et passer le stade de l’adolescence dans lequel papa continuait à l’y enfermer. De cela elle en était certaine, c’était plus confortable pour papa, le rassurait dans son rôle de sauveur au quotidien. Il aimait son fils cela elle le voyait bien. Il était d’un dévouement à toute épreuve et d’après ce qu’il avait raconté depuis la mort de son épouse, il avait carrément sacrifier sa propre vie rien qu’à s’occuper de Mimi.

Ce dernier avait un frère, qui prenait ombrage de toute l’attention que mobilisait Mimi. Alors parfois il y avait des coups d’éclats entre les deux. Mimi en parlaient aussi avec Maddy.

Entretemps il était déjà l’heure de rentrer et c’est avec tellement de regret et le coeur gros qu’elle lui dit au-revoir. Elle aurait tellement voulu que le temps s’arrête et les emporte tous les deux n’importe où. Les amoureux aiment rêver c’est connu. Toutefois elle ironisait sur elle-même car rêver encore à son âge, elle trouvait cela tellement risible, mais se devait de constater que les faits étaient là, qu’ils parlaient d’eux-mêmes.

Lors du retour en train, elle repensa avec tant de plaisirs à cet après-midi là si exceptionnelle et particulière.

Elle se souvenait avec humour de cette première fois où elle l’avait entendu cette voix métallique si caractéristique, et de l’incompréhension à pouvoir percevoir les mots, alors qu’à ce jour, c’était si simple d’entendre cette voix tant aimée. Il était son soutien, son guide de chaque jour. Elle se reposait sur lui, et le contraire aussi. Elle lui demandait des conseils. Il la raisonnait lorsqu’elle n’était pas bien, qu’elle avait le cafard concernant des problèmes familiaux. Il arrivait toujours à trouver les mots. Il avait cette sensibilité, ce feeling, cet altruisme de l’atteindre continuellement et de toucher immédiatement au but, de lui ouvrir les yeux. Immédiatement il l’apaisait.

Maddy arrivée à cette étape de son existence ne comprenait pas trop ce que le verbe aimer voulait encore dire. Elle savait qu’elle avait continuellement fait fausse route, avait compris ses erreurs. Pour elle l’amour elle le ressentait. Le recevoir depuis tout ce temps avait été autre chose et elle se rendait compte qu’elle ne s’était jamais autorisée à y croire. Comment un homme ou une femme pouvait l’aimer elle ?

Avec Mimi elle touchait du doigt, un espoir tellement infime, un être humain qui l’aimait comme cela, parce qu’elle était elle-même tout simplement en tant que femme. L’amour de Mimi était gratuit, il n’attendait rien d’elle, que son amour. Le sentiment à l’état brut, un amour pur qui frisait une forme de sublimation. Ils s’entraînaient mutuellement dans cette forme de tourbillon peut être illusoire, mais ils y plongeaient ensemble.

Les jours ensuite s’écoulèrent normalement. Maddy vivait au présent, ne se projetait pas dans l’avenir. Elle profitait du bonheur qui lui était ainsi offert ainsi que des instants heureux, un peu tombés du ciel sans qu’elle s’y attende.

Une rupture précédente l’avait fortement meurtrie, et puis Mimi était là avec son beau regard. Avant qu’ils ne se connaissent, elle avait tant galéré pour retrouver ce nouveau logement. Le hasard avait bien fait les choses et le confort que lui apportait cet appartement eu égard à son loyer avait été une véritable aubaine.

Pas de vis à vis, une chambre qu’elle avait transformée en salon, avec une vue sur le petit parc en face de son balcon. Lorsque le soleil dardait ses rayons, comme en cette période, elle ouvrait les portes à deux battants sur la rue sans issue. Au bout, une petite chapelle, qui avait sa propre légende si belle d’amour entre deux êtres. Une chapelle qui serait reliée par un couloir secret vers l’abbaye du village voisin.

De son fauteuil deux places, aux imprimés bleus elle s’asseyait face à son installation musicale, et tout en écoutant de la musique classique pouvait se laisser bercer par le chant des oiseaux. Lorsque l’envie lui prenait, elle fermait la fenêtre, se mettait de la musique folklorique et chantait des airs d’Europe de l’Est qu’elle connaissait par coeur.

Elle se rappelait ses dernières visites. Surtout la dernière où il l’avait ainsi caressée jusqu’à ce qu’elle s’abandonne à cette jouissance silencieuse, offerte au regard de cet homme à qui elle se donnait, qu’elle aimait de toute son âme.

C’était ainsi qu’elle voyait les choses et ne pouvait pas faire autrement. Aimer et s’abandonner physiquement allaient de pair. L’un sans l’autre était pour elle impossible.
Elle considérait qu’elle n’avait pas grand mérite de s’être laissée aller à son plaisir, mais elle était heureuse d’avoir pu le lui donner lui offrir. Elle lui avait promis ce jour là une caresse particulière pour lui tout seul.

Elle ne retenait que son regard, et son intensité. Il lui traversait l’âme et le coeur. Il ne le savait pas. Elle ne lui dirait pas. A cette dernière pensée elle sourit. La voilà qu’elle recommençait à lui attribuer des attitudes quelques peu machistes comme à tous les hommes qui avaient croisés sa route.

Toutefois elle savait après avoir eu quelques entretiens téléphoniques avec leur amie commune, Rachel, qu’il avait tant de sensibilité, de réactions si extrêmes, ce qui n’avait fait que confirmer ce qu’elle pensait déjà. En cela ils étaient semblables pour diverses raisons, lui dans la souffrance de son infirmité, elle pour une autre blessure totale, invisible, faite par son géniteur et perpétrée durant toute son adolescence. Mimi était au courant, elle lui avait tout raconté.

D’ailleurs Maddy ne lui cachait rien, même pas sa dernière aventure qui s’était mal terminée. Toutefois elle continuait à voir cet homme régulièrement, et cela Mimi le savait aussi. Ils ne se voyaient qu’en ami, et elle ne lui cachait pas ces entrevues là. Elle lui devait cette vérité, ils en avaient parlé ensemble et il préférait savoir. Cet homme l’avait demandée en mariage, puis s’était désisté ne se sentant pas prêt et la rupture était intervenue par la suite, tout en restant bons amis.

Les conversations entre les amoureux continuaient ainsi au gré des jours en ce début d’été. Et puis un soir, il faisait une soirée splendide, après une journée ensoleillée. Mimi et elle se parlaient via internet. Papa était là et son amour n’avait pas trop envie de lui parler par téléphone. C’était assez rare que dans la soirée ils échangeaient ainsi. Il aimait regarder le soir la télévision ensemble avec son père, tout en essayant un petit jeu qui était de déceler les erreurs commises dans les prises de vue, ou bien les costumes, habillements ou environnement qui viendraient troubler l’époque en discordance avec le cours réel de l’histoire racontée. Ils riaient beaucoup ensemble de tout cela et faisaient d’étonnantes découvertes.

Donc ce soir là, Mimi en veine de confidence lui parla à nouveau de sa maman, de son absence, de la tristesse qu’il ressentait lorsqu’il abordait le sujet. Il ne croyait plus en Dieu, en affirmant que s’il avait existé tout cela ne serait pas arrivé. Le décès de sa maman, son invalidité, la mort de Rose. Car c’est ainsi qu’elle s’appelait. Cette fleur était devenue un symbole. Maddy chrétienne essayait de lui expliquer que Dieu n’était pas un magicien, que ce n’était qu’un concept, une forme de philosophie, que Dieu n’avait aucun pouvoir à ce niveau là, ni autrement d’ailleurs. Ils échangeaient jusqu’au moment où Maddy se retrouvait dans une impasse, à défaut d’essayer de vouloir le convaincre de ce qui est impossible à décrire ou à expliquer. Et puis les raisonnements de Mimi étaient si justes et si implacables.

Alors ils revenaient à ce qui les liaient, à cet amour. Maddy n’y mettait pas Dieu et n’y pensait même pas. Pour elle c’était le hasard, heureux, qui avait mis Mimi sur une route  » informatisée ».

Ce soir là, et sans qu’elle s’y attende le moins du monde, il lui dit ceci :

– Mamour veux-tu devenir ma femme ?

En lisant cela, sur l’écran de son ordinateur, Maddy fut très surprise d’abord, et ensuite remplie d’un tel bonheur, ressentant combien dans cette demande Mimi tenait à elle. Elle comprenait aussi que c’était pas discrétion que cela se faisait par écrit et non de vive voix.
De suite elle lui répondit : « Oui. »

Il se disait le plus heureux des hommes, comblé, émerveillé qu’une femme comme elle veuille bien de lui. Elle ne comprenait pas ces états d’âme puisqu’ils s’aimaient. Elle était convaincue de pouvoir abolir bien des obstacles. Et après une telle demande, elle avait l’impression que dans ses veines coulait une nouvelle énergie. Elle n’avait jamais été aussi heureuse qu’en cet instant unique. Ce moment précis.

Ensuite il ajouta :

– Faudra que j’en parle à papa.
– Oui bien entendu répondit-elle, et puis de toute manière, c’est ton papa, et nous n’y sommes pas encore. Elle souriait derrière son ordinateur, confiante dans l’avenir.

FIN DU DEUXIEME CHAPITRE.

Chapitre 3-1

L’amour immobile – Chapitre 2 – (7)


Anatoly Jelin

Illustration : Anatoly Jelin

L’amour immobile – Chapitre 2 – (7)

Ils en parlaient bien entendu. Il lui disait si souvent qu’il avait envie d’elle, que c’était pour lui impossible, mais que ce sujet il l’abordait avec le personnel médical qui l’entourait et lui avait assuré qu’il pouvait donner du plaisir à une femme avec ses deux doigts.
Maddy découvrait cet aspect là avec lui et avançait avec précaution dans cet univers quelque peu étrange.

Son coeur lui dictait les actes et elle avait confiance. Elle s’était rarement trompée quant aux gestes à faire ou à rendre pour avoir une relation sexuelle heureuse et satisfaisante. Elle était de nature entreprenante, aimait rire pendant l’amour, et les coquineries elle les adorait. Elle se dit qu’elle pourrait peut être entraîner Mimi dans quelques délires auxquels elle avait réfléchi.
D’un sourire malicieux, elle avait pensé : « Rêve toujours, car tu ne sais même pas ce qui va arriver dans ce domaine. »

Elle s’était concocté des tas de scénari possibles en y souriant d’avance de plaisirs. Elle s’imaginait les caresses qu’elle pourrait lui donner et lui faire découvrir. De cela aussi ils en avaient déjà parlé, et Mimi lui écrivait à chaque fois d’arrêter car elle suscitait chez lui tellement d’envie, ce dont elle était si heureuse.

Un jour il lui avait avoué qu’il avait joui et combien il était heureux. Il ne savait pas par quel miracle il pouvait ressentir cette jouissance, mais elle était bien présente. Pas à pas ainsi elle entrait dans son intimité et lui livrait la sienne.

Les politesses d’usage faites dès son arrivée au papa qu’elle appelait Monsieur et puis le nom de famille, le temps de demander de ses nouvelles, comment il se sentait et essayait ainsi d’établir un dialogue, elle avait embrassé joyeusement Mimi, avait déposé son sac dans le coin à côté de l’armoire qui longeait le lit de l’homme qu’elle aimait, avait pris une chaise et s’était installée la main dans celle de l’homme allongé depuis si longtemps dans ce lit, immobile et prisonnier.

– Nous sommes quelque peu tracassés avec la vétusté du matériel, et lorsqu’il faut remplacer la machine en catastrophe, c’est toujours la galère. Les pouvoirs publics de la ville ne font rien pour améliorer les conditions de vie de ce genre de pathologie, et même le parti socialiste nous fait vivre dans cet immeuble à côté d’un autre complètement vide et délabré, laissé à l’abandon.

– Mais le matériel reprit Maddy n’y a t-il pas moyen d’avoir quelque chose de plus moderne ?
– Si lui dit-il avec un sourire quelque peu ironique mais qui ne lui était pas adressé, mais plutôt vis à vis des instances politiques, il faut de l’argent, et cela nous n’en avons pas.

– Et oui, comme d’habitude. Et n’y a t-il pas moyen de faire autrement, d’alerter d’autres actions en place pour que vous ayez tous les deux un peu plus de confort ? Que de questions restées sans réponses car elles échappaient au commun des mortels qu’ils étaient tous là dans cette pièce.

Jusqu’au repas c’était souvent les mêmes rituels, accompagné du bruit de cette pompe qui fonctionnait au rythme de la respiration de Mimi. A tout cela elle s’était facilement habituée et faisait partie intégrante de lui. Elle essayait juste de trouver des idées pour alléger tout ce poids qu’il devait supporter d’autant d’inconfort auquel il était soumis.

Elle se sentait pousser des ailes de créativité et se dit qu’elle irait aux informations dans ce domaine. Elle ne parla de rien avec Mimi. La fin de la matinée ainsi s’écoula doucement entre la mise au point de divers malentendus qui avaient pu se glisser entre eux depuis le dernier entretien tumultueux. Ils finissaient par en rire ensemble, car autant Mimi qu’elle ne manquaient d’humour. Il avait l’esprit primesautier d’un vrai gamin, cet adolescent qu’il était resté dans son coeur et qui montrait autant de différence entre son esprit et ce physique d’adulte allongé là auprès d’elle.

Ils s’embrassaient souvent comme le font tous les amoureux. Elle avait le dos tourné et ne pouvait donc pas voir le papa qui était dans la cuisine derrière son dos. Une grande baie séparait les deux pièces. Mimi riait souvent de son père en faisant tout bas des réflexions à Maddy quant à l’attitude qu’il avait pendant qu’il préparait le repas, ou bien lorsqu’il intervenait dans leur conversation de manière assez naturelle.

A ce moment là la vie s’écoulait sereinement et Maddy n’attendait qu’une seule chose comme Mimi que l’heure de la sieste sonne pour l’homme qui avait sur ses épaules toutes les responsabilités et la vie de son fils entre les mains. De lui tout dépendait.

Toutefois aborder le sujet qui lui tenait à coeur elle ne pouvait pas en parler. Cela lui semblait impossible dans l’état actuel des choses, c’était trop tôt et elle ne voulait brusquer personne.

Après que le rite du repas fut terminé, d’abord celui de Mimi, où papa lui donnait à manger debout à côté de son lit. Maddy aurait tant voulu tenir cette fourchette et accomplir ce geste d’amour. Mais elle ne pouvait pas le demander juste regarder.

Ensuite elle mangeait son repas d’une baguette de poulet curry crudités, accompagnée de l’eau qu’elle emmenait aussi, sans oublier d’avoir apporter quelques sucreries pour Mimi et son papa. Ils les adoraient tous les deux et puis elle n’arrivait pas les mains vides. Mimi la regardait manger, et tout en avalant avec appétit le repas que Maddy engloutissait avec appétit, il la regardait et ensemble bavardait encore et encore. Papa derrière dans la cuisine mangeait tout seul.

A ce sujet Maddy avait pris la position d’être là auprès de Mimi, de lui rendre visite chez lui certes, mais d’être auprès de l’homme qu’elle aimait et tenait vraiment à le montrer à sa manière. Se laisser aller en toute simplicité à l’amour qu’elle exprimait à Mimi, en l’embrassant devant papa, en lui caressant le bras, lui tenant la main. Pour le reste il faudrait attendre que papa s’endorme.

Sur de telles pensées quelque peu coquines, Maddy souriait en elle-même et trouvait la situation quelque peu absurde. Elle se sentait à son âge, comme une gamine prise en défaut, avec cette présence constante et continuelle, qui n’avait même pas la délicatesse de les laisser tout seul.

Mais là elle comprenait que cela n’était guère possible, car s’il y avait un pépin avec la machine, elle ne pourrait rien faire, absolument rien, et ne pourrait assister qu’impuissante à la mort de Mimi. Car sans air la durée de vie est si courte. Donc elle ne pensa plus à essayer d’envoyer papa faire des courses ne fut ce que cinq minutes, c’était trop risqué. Et pourtant qu’est ce qu’ils en rêvaient tous les deux de cette solitude refusée.

Alors ils s’évadaient dans des délires communs en riant comme des enfants qu’ils étaient redevenus. Surtout Maddy retrouvait avec lui, son insouciance, une autre jeunesse, un amour de vie aussi étrange que cela puisse paraître. Le soleil, la saison y faisait peut être quelque chose, mais être à côté de Mimi s’était une telle leçon de courage à recevoir, de volonté de vivre, de le voir aussi épanoui et heureux, qu’elle ne pouvait que le suivre dans le même état, elle totalement libre de ses mouvements.

Il lui parlait de ses rêves. Il avait peur qu’elle le quitte pour un autre qui pourrait l’emmener danser, lui donner ce qu’il ne pouvait pas, surtout physiquement.

Après ces paroles, Maddy se leva, alla aux toilettes, enleva sa petite culotte de dentelles, et puis revint l’air de rien, avec au creux de la main, le petit morceau de tissu qu’elle mit rapidement dans son petit sac de voyage, le plus discrètement possible. Mimi avait les yeux qui pétillaient alors. Et c’est avec une intense satisfaction intérieure, et une nouvelle liberté qu’elle se rasseyait sur cette chaise devenue presque un symbole d’un lieu où elle avait déjà tant imaginé depuis la dernière fois d’autres caresses à recevoir.

Mimi lui avait raconté ce qu’il apprenait des infirmières. Et cette conversation elle l’avait bien retenue. C’est ainsi qu’elle déposa ses pieds nus sur l’autre chaise devant elle, les bords en bois sous l’assise lui permettait ainsi de lever les jambes légèrement écartées et d’être ainsi plus proches de la main de Mimi nonchalamment déposée sur le drap blanc. Il lui caressait les jambes et de ses deux doigts de la main valide arrivaientt à lui transmettre des frissons comme si tout son corps était caressé par l’ensemble de ses deux bras.

Elle se laissait ainsi glisser à recevoir ce que Mimi souhaitait lui donner. Il lui avait avoué qu’il aimerait tant la voir jouir, lui donner ce plaisir. Maddy n’y avait pas trop pensé, se demandait comment elle allait réagir. Même si son ventre appelait à des caresses, à autant d’envies qui n’étaient que tout à fait normales et humaines. Elle l’aimait et son amour allait de pair avec le désir qu’elle avait de lui, même tel qu’il était immobile, restreint dans ses mouvements.

Non pas qu’elle s’en fichait, mais elle s’adapterait, improviserait et surtout avait l’intention d’en profiter à deux, et d’en faire profiter Mimi aussi. Elle ne savait pas encore comment et ressentait de la timidité soudaine, comme une première fois, comme une jeune fille. C’était un sentiment si nouveau, si pur, si intense, fou, total, sans aucune limite.

Pendant ce temps là Mimi la caressait, et ses doigts arrivèrent ainsi à l’orée de son puits d’amour, de ses lèvres si chaudes, et surprise complètement trempées, déjà ouvertes.

Il la caressait, avec une telle douceur, qu’elle ne pouvait que s’abandonner sous des doigts aussi experts. Elle se laissait aller au plaisir, s’y enfonçait avec délectation, et sentait que celui-ci ne tarderait pas à venir, ce serait pour eux deux la première fois.

Elle se retenait toutefois, pour en profiter encore et encore, pas tout de suite. Elle pouvait gérer cette montée qu’elle ressentait et qu’elle allait devoir taire. Elle regardait Mimi, l’encourageait, car il se posait apparemment quelques questions. Mais l’heure n’était pas aux paroles, mais plutôt aux échanges. L’environnement disparaissait ainsi que la présence de papa. Elle lança tout de même un regard furtif. La voie était libre, elle pourrait plonger dans les délices avec Mimi. Lesquels ? Ils verraient bien.

De ses deux doigts, il la fouillait, et ses pétales luisantes et coulantes réagissaient sans tenir compte de la position inconfortable.

Et pourtant elle avait tellement envie de se laisser aller pour eux deux. Et puis elle ne pouvait que savourer, elle aimait le plaisir, la jouissance. Elle avait écarté ses cuisses, pour faciliter à Mimi l’accès. Pas facile de concilier les apparences. Cela pimentait aussi l’atmosphère, un peu comme deux adolescents accomplissant l’interdit. Et c’est là où elle se disait combien tout cela était absurde.

En rejetant ces pensées parasitaires, elle se coula dans la confiance entre eux qu’il avait créée. Elle le laissait faire de manière quelque peu provocante tout en restant pudique, vu qu’elle n’était tout de même pas toute nue non plus. Cela la fit sourire en ayant des images coquines sous les yeux qui lui venaient ainsi. Elle les raconterait plus tard à Mimi, et il en rirait tellement, elle le savait.
Mimi lui demanda s’il pouvait continuer, s’il ne lui faisait pas mal, il restait inquiet, attentif :

– Non, continue c’est si bon !

Chapitre 2-8

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